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Textes en françaisVirey, Julien Joseph, "Nature", Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle • ARTICLE IX. De la reproduction des corps vivans et des monstruosits.
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ARTICLE IX. De la reproduction des corps vivans et des monstruosités.
qui fournit la matière de tous les êtres qui sont engendrés ; le mâle ne donne 
que la forme et l'excitation vitale. Dans les animaux androgynes et les plantes 
cryptogames on ne découvre aucun sexe ; mais il est certain que ces corps vivans 
sont tous, par leur tissu mou, humide, leur grande fécondité et la simplicité de 
leur organisation, d'une nature plus femelle que mâle. Les espèces ou le 
principe mâle domine sont plus compliquées, plus intelligentes, plus sensibles 
que les espèces où domine le principe femelle. En effet, parmi les animaux et 
les végétaux les plus imparfaits, il y a plus de femelles que de mâles ; c'est 
tout le contraire parmi les êtres les plus parfaits. Nous voyons que chez les 
phoques ou veaux marins, les ruminans, et parmi les oiseaux palmipèdes et les 
scolopaces, il y a beaucoup plus de femelles que des mâles ; ce qui établit la 
polygamie dans ces races. En revanche, dans les familles des singes, des 
quadrupèdes carnivores, des perroquets, des pics, des oiseaux de proie, le 
nombre des mâles égale ou même surpasse quelquefois celui des femelles ; ce sont 
aussi des espèces très-parfaites et les plus intelligentes, les plus robustes du 
règne animal. La même chose a lieu dans le genre humain ; car les habitans 
polygames de la zône torride sont bien plus foibles, plus efféminés que les 
peuples du Nord, chez lesquels il naît plus d'hommes que. de femmes. (Consultez 
l'article HOMME.) Les espèces d'animaux les plus parfaits tiennent donc plus du 
principe mâle, et les plus imparfaits, du caractère femelle ; de sorte que la 
dégradation de l'échelle de vie est une sorte d'effémination graduée. En effet, 
les organes qui dépendent des fonctions mâles se détériorent davantage, à mesure 
qu'on descend l'échelle des corps organisés ; de sorte qu'il ne reste plus à la 
fin que les parties femelles. C'est pour cela que les sexes, toujours séparés 
dans les races les plus perfectionnées, commencent à s'oblitérer dans quelques 
espèces, telles que les abeilles, les fourmis, les termites neutres, ou bien à 
se réunir dans les familles hermaphrodites, à se confondre dans les androgynes ; 
enfin ils disparoissent entièrement dans les races les plus simples, telles que 
les zoophytes. Dans le règne végétal, la même dégradation s'y apperçoit 
également, quoique d'une manière moins apparente.
 

ARTICLE IX. De la reproduction des corps vivans et des monstruosités.

Comme le mâle domine par ses organes extérieurs et la femelle par les intérieurs 
(1), il s'ensuit que chacun d'eux contribue davantage, dans la génération, à la 
formation des parties sur lesquelles ils in- [influent] 

(1) Les parties femelles sont toujours centrales, et les parties mâles toujours 
à la circonférence, dans les plantes comme dans les animaux. On observe dans 
toutes les fleurs, que les pistils sont placés au milieu, et sont entourés des 
étamines qui vont, comme on sait les parties mâle. Linnæus pensoit même que 
l’ovaire et les semences étoient formés par la moelle, les étamines par le bois, 
les pétales par le liber, et le calice par l'écorce. Comme les parties centrales 
sont toujours les plus importantes (puisque la nature a eu soin de les 
soustraire aux chocs extérieurs), il s'ensuit que le principe femelle est aussi 
le plus nécessaire dans l'acte de la génération. 

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